La guerre de Crimée
La guerre de Crimée donna lieu au premier reportage de guerre photographique. En 1855, Roger Fenton puis James Robertson, photographes britanniques, sont envoyés sur le théâtre des événements par la Reine Victoria. Le cadre officiel de cette commande royale et les contraintes liées à une technique récente ne laissent pas une grande latitude aux photographes dans le choix des sujets représentés. Ainsi les scènes de combats en mouvement, les blessés graves ou les morts sont absents de leurs photographies. La France engagée au côté de l'Angleterre contre la Russie enverra plus tardivement ses artistes afin de rendre compte du succès des troupes alliées. Le peintre Jean-Charles Langlois, accompagné du photographe Léon Méhédin, est chargé de peindre un panorama de la prise du fort Malakoff et réalise des prises de vue préparatoires à ce projet. Henri Durand-Brager réalise également des relevés photographiques de Sébastopol et de la région avec son assistant Lassimone. Il peint d'après ses clichés un ensemble de toiles achetées par Napoléon III pour Versailles. Correspondant de guerre pour le journal l'Illustration et envoyé dès 1854 par le ministère de la marine, il utilise la photographie à la fin de l'année 1855.
Si tous ces photographes mirent en scène une guerre à des fins de propagande, il reste de leur travail des images ou les étendues vides, les ouvrages militaires détruits et l'absence de vie les détachent du récit historique et de l'instantanéité au profit d'un silence figé et d'une intemporalité suggestive.